Le chanvre dans le temps.

Focus sur cette plante polyvalente, utilisée depuis la nuit des temps.

Ancestral

Le chanvre rythmait la vie des hommes dans toutes les civilisations et pour des usages très variés : culte des esprits et des dieux, chamanisme, célébrations, divinations, remèdes et pratiques médicinales, fabrication de liens et de tissus, alimentation humaine et animale, matériaux d’habitation…. 

Les traces archéologiques les plus anciennes de l’utilisation du chanvre remontent à environ 11 500 ans avant notre ère et ont été découvertes au Japon et en Europe de l’Est.

Le chanvre est l’une des premières plantes domestiquées par l’homme.

Histoire du chanvre selon Sivaïa

Empereurs, navigateurs, explorateurs… ils encouragent le chanvre dès l’Antiquité 

Dans la période antique, le chanvre est déjà domestiqué et occupe une place prépondérante dans les pratiques alimentaires, religieuses, sociales et culturelles, au sein de nombreux peuples.

Sous l’empereur Shen Nung, en Chine, en 2737 av. J.-C., est écrit le plus vieux recueil médical connu : le Pen Ts’ao. Le chanvre fait, alors, partie des 365 remèdes d’origine végétale et naturelle.

Sous l’Egypte pharaonique, le papyrus d’Ebers est le premier traité médical retrouvé dans son intégralité où le chanvre est mentionné de nombreuses fois.

Charlemagne finit par imposer le chanvre comme plante textile et denrée stratégique avec le développement des chenevières (champs de chanvre). C’est aussi à cette époque que les Arabes finalisent la technique de fabrication du papier à base de chanvre.

Plus tard, en 1450, Gutenberg imprimera la première Bible sur papier issu du chanvre.

À la Renaissance, le chanvre se popularise dans toutes les campagnes avec l’apparition de linge textile à base de chanvre rustique pour les pauvres et du lin soyeux pour les plus aisés. La majorité des navigateurs, telle que Christophe Colomb, réalise leurs exploits grâce aux cordages et voilures tirées du chanvre très résistantes à l’eau.

En France, en 1666, Colbert décide de créer la corderie royale de l’arsenal à Rochefort afin de sécuriser l’approvisionnement national en chanvre. Le XVIème et le XVIIème siècle ont été propices au développement du chanvre et notamment à l’étude de ses nombreuses vertus thérapeutiques. John Parkinson, le célèbre botaniste et médecin du roi d’Angleterre, stipule que les graines de chanvre bouillies réduisent les douleurs. 

Sa culture du chanvre à grande échelle finit par nourrir quelques conflits internationaux et devient source de négociation financière.

La concurrence et la diabolisation

À l’aube du XXème siècle, les machines à vapeur sont en pleine expansion et le chanvre n’est plus l’incontournable acteur économique; le développement des lobbies industriels du papier, du coton, de la pharmacie et du pétrole sont grandissants en Amérique, et sont d’une concurrence féroce. 

De plus, durant les années 20-30 le chanvre connaît un grand succès auprès des populations noires et hispaniques en proie à une grande misère sociale et grands consommateurs de chanvre récréatif et d’alcool… Le chanvre devient alors en peu de temps la plante qui engendre la violence, le désordre social. La confusion entre cannabis récréatif et chanvre industriel est alors opportunément entretenue par les lobbies d’intérêts convergents afin de faire réguler le commerce de chanvre….

Après des années de pression et avec un appui politique pour lutter contre la criminalité, le chanvre est définitivement mis de côté avec des restrictions de production, des taxes ce qui propulse les États-Unis au rang de premier producteur mondial de papier et permet au nylon de faire son entrée révolutionnaire sur le marché du textile.

Le renouveau du chanvre

Le XX et XXIe siècles marquent la révolution et le renouveau du chanvre.

Fortement concurrencé, au cours de la première moitié du XXe siècle, dans l’industrie papetière par le bois et dans l’industrie textile par d’autres fibres naturelles (jute, sisal, coton…) ou synthétiques (comme le nylon), le chanvre sert tout de même à fabriquer des vêtements militaires lors des deux guerres mondiales.

Répondant aux préoccupations environnementales actuelles, le chanvre trouve de nouvelles applications dans les domaines du textile, de l’habitat, des biocarburants, cosmétiques et dans le bien-être, et connaît un renouveau en Europe, à partir de la deuxième moitié du XXe siècle.

Le chanvre aujourd’hui en France

Malgré les réticences du Gouvernement sur la consommation du chanvre, la France est aujourd’hui le premier producteur européen et le troisième mondial, derrière la Chine et le Canada.

Une culture nationale

Le chanvre fait partie de notre histoire nationale. Au XIXème, il était déjà cultivé sur près de 170000 hectares, c’est alors l’apogée de son exploitation française.

Dans les années 90, de nouvelles découvertes scientifiques permettent d’appuyer les nombreux avantages et bienfaits du chanvre. On observe alors un renouveau de la production de chanvre industriel (Cannabis Sativa L.) en France ainsi qu’en Europe.

Une culture réglementée et encadrée

Le chanvre est soumis à la réglementation française et européenne, autorisant uniquement les variétés sélectionnées ne dépassant pas 0,2% de THC (substance psychotrope) à la production.

Les semences utilisées doivent obligatoirement être certifiées et inscrites au catalogue européen.

La filiale française est en pleine évolution et est cultivée sur près de 18000 hectares aujourd’hui. Initialement orientée sur l’écoconstruction et le traitement de la fibre (papier, textile,…), la France redécouvre aujourd’hui les nombreuses utilisations et les bienfaits de cette plante connue depuis des millénaires.

 

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